Les origines du Mile End


Quelle est l’origine du terme Mile End pour désigner le quartier ? Question simple, réponses variées ! En fait, la question se pose non seulement par les résidents du quartier mais aussi par différents auteurs depuis fort longtemps. Voici trois articles qui en témoignent, en guise de réponse.

— Le premier a été écrit en juin 1951 par Jean de Laplante, journaliste au Canada, quotidien aujourd’hui disparu. Le journal, organe du parti libéral depuis le début du siècle, est alors en difficultés financières. Pour réduire ses coûts, le quotidien vient de vendre son immeuble de la prestigieuse rue Saint-Jacques et loue des locaux dans un édifice beaucoup plus modeste du Mile End, situé au 5221 de Gaspé.

La ville de Montréal a décidé de dépenser 125,000$ pour rénover un immeuble que le journaliste qualifie de «résidence mi-Renaissance mi-bourgeois parvenu», l’ancien hôtel de ville de Saint-Louis, annexée par Montréal en 1910. Cette décision des élus municipaux fournit au journal le prétexte pour une série de quatre articles intitulés «De la Molenne à Laurier». Laplante a comme but avoué de tirer de l’oubli le passé du «banal quartier Laurier d’aujourd’hui qui enveloppe la ligne de démarcation entre la ville française de Montréal et notre Villejuif.»1

Car, ajoute-t-il, sauf chez les plus anciens résidents, l’usage du terme «Molenne» a presque disparu. Il tentera donc d’en retrouver les origines dans le second de ses articles, dont nous publions un extrait.

— Le second a été écrit en 1994 par Christopher Schoofs, de la «Société Mile End pour l’histoire et la culture». Comme on le verra, si le vocable Mile End est de retour dans l’usage courant, les frontières et surtout l’identité du quartier sont encore floues. Le début des années 90 représente une période de transition : lorsque de Laplante écrit ses articles, au début des années 50, la communauté juive qui avait fait du Mile End, depuis les années 20, le cœur de sa vie sociale, culturelle et économique migre massivement vers Snowdon et des banlieues comme Côte-Saint-Luc. Au cours des décennies suivantes, et jusqu’au milieu des années 80, le quartier sera considéré comme l’un des plus pauvres de Montréal, tout en continuant d’être une terre d’accueil pour de nouvelles générations d’immigrants, Grecs, Portugais, Italiens.

Le «Société Mile End pour l’histoire et la culture», l’ancêtre en quelque sorte de Mémoire du Mile End, avait été créée par des membres du Comité des citoyens du Mile End. Le quartier vivait une première vague de «gentrification» – la transformation d’un édifice abandonné du boulevard Saint-Laurent en bar branché emblématique des années 80, le LUX, en est sans doute la meilleure incarnation – et plusieurs édifices étaient dans le collimateur de divers promoteurs/spéculateurs. Des résidents se mobilisèrent alors pour défendre le caractère unique du quartier, sa diversité culturelle et pour préserver des édifices à caractère historique, comme le théâtre Rialto et l’église de l’Ascension, devenue la bibliothèque du Mile End. Les membres de la Société Mile End entreprirent des recherches pour resituer cet héritage dans son contexte historique.

— Le troisième article est de Justin Bur, membre du conseil d’administration de MME et président des «Amis du boulevard Saint-Laurent». Justin corrige certaines erreurs récurrentes, notamment tributaires d’une notice écrite vers 1949 par Conrad Archambault, alors archiviste en chef à la ville de Montréal. (Cliquez ici pour lire cette notice : Archambault Mile End)

Avec ce dossier, nous inaugurons notre nouveau site web : au cours des prochains mois, Mémoire du Mile End mettra en ligne une série d’articles et de vignettes sur l’histoire du quartier, fruit des recherches de nos membres. Revenez nous visiter régulièrement pour prendre connaissance de ces articles. Vous pouvez également nous suivre en devenant membre de notre groupe Facebook ou sur Twitter (@MemoireMileEnd) si vous voulez être prévenus des nouveautés.

Notes:
1. Jean de Laplante, «Un ancien hôtel de ville que va respecter le pic du démolisseur», Le Canada, lundi 18 juin 1951, p. 16