Un établissement iconique du Mile End : la Taverne de la veuve Wilson 2


Le rez-de-chaussée du triplex situé au 278-282 avenue Laurier Ouest, tout juste à l’est de l’avenue du Parc, abrite une série de commerces depuis ses origines en 1912. En 1936, c’est au tour d’une taverne de s’établir à cet endroit : outre les résidents des environs, elle servira de rendez-vous pour plusieurs générations d’artistes, d’étudiants et de professeurs, dont certains deviendront célèbres, tels Pierre Péladeau et Pierre Elliott Trudeau. Située non loin de la frontière entre le Mile End et Outremont, l’établissement acquerra ainsi au fil des ans, la réputation d’être à la fois un lieu malfamé et l’un des repères de la contre-culture montréalaise.

 L’histoire de ce triplex, c’est aussi en partie celle de l’auteur, puisque c’est son arrière-grand-père paternel qui l’a fait construire, et parce que trois générations de sa famille y ont vécu. Issu d’une famille de cultivateurs du nord de l’île de Montréal, l’aïeul, Maxime Jarry, s’est établi, au début du XXe siècle, à Ville Saint-Louis, alors une nouvelle banlieue en pleine croissance. L’immeuble fut aussi la scène d’une improbable rencontre entre deux femmes : l’une, la propriétaire du triplex construit par son père, et l’autre, l’exploitante de la taverne, à une époque où une telle activité était mal vue par les bien-pensants.

La taverne Wilson en 1973. Photo d’Errol Gagné. BAnQ, Fonds Patrick Straram, MSS391,S7,SS1, D7.

1. Une famille de cultivateurs s’installe au Mile End

Le 17 avril 1909, Maxime Jarry (1871-1927), un cultivateur de la côte Saint-Michel, achète deux lots à bâtir à Ville Saint-Louis pour la somme de 2 266 $. Ils sont situés sur les anciens terrains de l’Exposition provinciale, avenue Laurier Ouest, juste à l’est de l’avenue du Parc. En agissant de la sorte, Maxime imite son jeune frère, Joseph-Adélard (1875-1924), avocat à Montréal. Bien qu’il travaille au service juridique de la Ville, où il terminera sa carrière comme chef du contentieux, Joseph-Adélard spécule en même temps sur l’urbanisation du Plateau Mont-Royal, alors en plein boom immobilier : il achète et revend de nombreux « lots à bâtir », et fait construire des immeubles à appartements destinés aux classes fortunées sur le boulevard Saint-Joseph récemment ouvert.

Pour plus de détails sur l’histoire des Jarry, lire l’article : De la campagne à la ville : la famille Jarry, la côte Saint-Michel et le Plateau Mont-Royal.

Maxime veut lui aussi profiter de cette croissance, puisqu’il se décrit dorénavant comme un « constructeur de maisons. » Il fait construire un triplex sur un de ses lots de l’avenue Laurier (aujourd’hui 284-288), et il emménage dans l’appartement du deuxième étage en 1910, accompagné de son épouse Zélia Pigeon (1872-1929) et de ses trois filles, Églantine (1893-1968), Alice (1895-1986) et Yvonne (1900-1926). En 1912, Maxime bâtit un second triplex sur le lot adjacent, côté est (278-282). Il est identique, mais avec une différence notable : le rez-de-chaussée abrite un commerce, plutôt qu’un appartement. Maxime Jarry anticipe vraisemblablement que la nouvelle vocation commerciale de l’avenue du Parc adjacente – auparavant exclusivement résidentielle – aura un impact sur les environs. Une boutique de broderie, The Needlecraft Shop, est le premier locataire. Le rez-de-chaussée héberge ensuite, jusqu’en 1936, une variété de commerces : salons de barbier, de coiffure, magasin de bonbons, atelier de rembourrage, etc.

Le premier commerce situé au rez-de-chaussée du triplex (l’adresse a été changée pour le 278 en 1928). Extrait de The North End, 1913. Archives de la Ville de Montréal, CA M001 P028-Z-D01.

Cependant, même si Maxime se déclare toujours « contracteur », selon les annuaires Lovell, jusqu’à la fin des années 1910, sa carrière dans l’immobilier semble s’arrêter là. Lors du recensement de 1921, il se qualifie désormais de rentier. Sa santé est également chancelante depuis plusieurs années, car il a été placé sous tutelle à aux moins deux reprises en raison de son alcoolisme[1]. Maxime Jarry décède le 25 mai 1927 à l’âge de 56 ans. Il résidait alors avec son épouse au troisième étage du deuxième triplex (le 282 Laurier Ouest aujourd’hui), tandis que ses deux filles et leurs maris étaient locataires dans ses autres logements. Puisque Maxime Jarry est mort sans testament et qu’il était marié en communauté de biens, le partage des biens immobiliers de la succession se fait sous forme d’encan judiciaire : Églantine et Alice achètent alors les deux triplex de l’avenue Laurier : Alice celui construit en 1909 et Églantine le second, construit en 1912. Dans ce dernier cas, la somme payée est de 25 000 $.

Maxime Jarry et Zélia Pigeon, date inconnue. Collection de l’auteur.

L’intersection des avenues du Parc et Laurier Ouest, direction est, vers 1929. On aperçoit le triplex d’Églantine Jarry à l’extrême droite de la photo. Archives de la Ville de Montréal, VM98-Y_1P025.

2. De la taverne St-Vincent à celle de la veuve Wilson

En 1930, l’appartement situé au rez-de-chaussée du triplex construit en 1909, le 288 Laurier Ouest, devient commercial à son tour : les frères Félix et Joseph St-Vincent y ouvrent la Taverne St-Vincent. De plus, Félix emménage au deuxième étage. Six ans plus tard, le 1er mai 1936, les deux frères déménagent leur commerce au rez-de-chaussée du triplex adjacent (278), celui de 1912, qui appartient à Églantine Jarry. Les frères St-Vincent signent alors un bail de cinq ans, moyennant un loyer mensuel de 125 $ pour les trois premières années et de 150 $ pour les deux années suivantes. Ce loyer inclut aussi le logement situé au-dessus de la taverne (280), où déménage Félix, ainsi qu’une option de renouvellement pour cinq autres années en échange d’un loyer de 200 $.

Or, même si la taverne est exploitée par les frères St-Vincent, ce sont les sœurs Jarry – Alice et Églantine – qui assument tous les frais du déménagement : le bail inclut des spécifications détaillées pour l’aménagement du local en taverne, l’achat du mobilier, l’installation de l’enseigne extérieure, ainsi que le coût du transfert de la licence de la Commission des liqueurs. Le contrat prévoit même que les frères St-Vincent seront dédommagés en cas de retard dans les travaux d’aménagement du nouveau local. En retour, Églantine Jarry demeure propriétaire de toutes les additions et améliorations qui y seront apportées[2]. Quant au 288, une fois la taverne partie, il hébergera pendant plusieurs années un salon de coiffure.

Émile Desjardins et Églantine Jarry, 1er juillet 1949. Collection de l’auteur.

Alice Sénécal, veuve Wilson, La Presse, 14 novembre 1966.

Alice Sénécal (1894-1966), une résidente de l’avenue Outremont, entre en scène au cours de l’automne 1940, lorsque les frères St-Vincent lui cèdent l’exploitation de la taverne à partir du 1er mai suivant. Elle est la veuve de Paul-Émile Wilson, un marchand de charbon décédé le 19 septembre 1935 à l’âge de 42 ans. Alice, âgée de 41 ans lors de la mort de son mari et mère de six enfants, ne se remariera jamais. Après avoir conclu un bail de dix ans avec Églantine Jarry (le loyer reste fixé à 200 $ par mois)[3], elle renomme l’établissement la Wilson’s Tavern : celle-ci sera dorénavant plus connue sous le nom de Taverne de la veuve Wilson par les habitués.

En se lançant dans un tel commerce, Alice Sénécal anticipe-t-elle l’impact qu’aura le déménagement de l’Université de Montréal ? À l’étroit dans son campus du Quartier latin, rue Saint-Denis, l’institution veut s’installer sur la montagne depuis les années 1920. Le chantier, situé sur le versant nord du mont Royal à Côte-des-Neiges, commence en 1928 mais la Grande Crise économique des années 1930 interrompt les travaux. Le nouveau campus n’est finalement inauguré que le 3 juin 1943; les étudiants, employés et professeurs ont commencé à y converger dès l’année précédente. Pour plusieurs d’entre eux, la ligne de tramway 29 (aujourd’hui les circuits d’autobus 51 Édouard-Montpetit et 129 Côte-Sainte-Catherine) constitue le principal mode d’accès. De plus, à l’intersection des avenues Laurier et du Parc, le 29 croise le tramway 80, l’un des plus achalandés du réseau, ce qui en fait un important carrefour. Pour se rendre à l’université, il faut ensuite traverser Outremont, une ville où règne alors une prohibition totale. Non seulement on n’y trouve aucun débit de boissons, mais même les épiceries n’ont pas le droit d’y vendre de la bière.

C’est ainsi que pour de nombreux étudiants et professeurs, des années 1940 jusqu’aux années 1970, la Taverne de la veuve Wilson devint un lieu de rendez-vous incontournable, avant ou après les cours. C’était le cas de mon père, alors étudiant au Collège Sainte-Marie, situé rue de Bleury, au centre-ville. Photographe attitré du journal du collège, il possédait une chambre noire au sous-sol du triplex, et il fallait passer par la taverne pour y accéder. Même s’il n’avait pas encore l’âge légal pour fréquenter les débits d’alcool, il me racontera plus tard que les serveurs n’étaient pas trop regardants lorsqu’il y amenait ses amis prendre une bière, comme Pierre Péladeau qui résidait non loin de là à Outremont. Par contre, même si Ginette Reno et sa famille ont vécu, à la fin des années 1950, dans l’appartement situé au deuxième étage, la chanteuse n’a pu entrer dans la taverne, car les femmes ne seront pas admises dans ces établissements au Québec avant 1978.

Pendant cette période, la Wilson est notamment fréquentée par Pierre Elliott Trudeau – alors professeur de droit à l’Université de Montréal – qui y a ses habitudes : on dit qu’il apprécie sa soupe aux huîtres[4]. Un de ses camarades de la revue Cité Libre, Guy Cormier, devenu éditorialiste au journal La Presse, rappellera plus tard les débats qui y avaient cours : ainsi, en 1962, la question de l’indépendance algérienne et ses parallèles avec la situation québécoise, l’opposa à Trudeau, en présence du sociologue Fernand Cadieux et du cinéaste Arthur Lamothe[5]. Ce que l’histoire ne dit pas cependant, c’est si les étudiants qui buvaient leur bière au même moment à la table d’à côté étaient des militants du Front de libération du Québec (FLQ). Car, réputé comme « un lieu de rendez-vous des indépendantistes », l’établissement est aussi un repaire des felquistes : l’un d’entre eux, Jacques Lanciault, un habitué, y tenait des réunions avec ses camarades. Mais, ce que ces derniers ignoraient, c’est que Lanciault est également un délateur : en échange d’une prime de 60 000 $, il permit à la police d’arrêter en 1963 les membres du premier FLQ[6].

3. Un haut lieu de la contre culture

Au cours de la décennie suivante, la Wilson devint l’un des refuges de la contre-culture québécoise des années 1970, et particulièrement celui d’une de ses figures de proue : l’écrivain Patrick Straram (1934-1988), dit « Le Bison ravi ». Immigrant d’origine française, il écrira : « c’est la taverne où je bus mes deux premières draughts [une fois arrivé] à Montréal un matin de juin 58[7]. » Après avoir emménagé à deux pas de là, avenue de l’Esplanade coin Laurier, début 1971, il en fait « sa » taverne :

On trouvera le bison dans les réserves où l’on a bonne conscience à l’exposer. Taverne Wilson ou Asociación Española, où l’on ne se force pas à faire semblant d’avoir du ‟fun”, où écrire, boire, vivre des camaraderies vraies.
Je suis maintenant chez moi [à la Wilson], déjà y inscrites tant de très riches heures avec quelques camarades, avec lesquels donner valeur de signe à trinquer à des santés, dissidents jouant le « drôle de jeu » où se dire en une des dernières places publiques encore accessibles, « praticables », ici aujourd’hui importe plus qu’emploi, salaire, profits et privilèges, confort et propriété privée…[8]

Patrick Straram en compagnie des deux serveurs de la taverne Wilson, Raoul et Gaston. La photo a été publiée le 1er novembre 1975 par le quotidien Le Jour : elle accompagnait un portrait de Straram écrit par Pierrot Léger, une autre figure de la contre-culture d’alors. Photo : Claire Beaugrand-Champagne, avec son aimable permission. L’auteur la remercie.

Straram y retrouve le sculpteur Armand Vaillancourt, les fondateurs du Centre d’essai Le Conventum – un des pôles de la création culturelle d’avant-garde d’alors – ainsi que de nombreux autres artistes et marginaux. Toute cette faune était servie, poursuit-il, par Gaston et Raoul, serveurs des lieux depuis 30 ans déjà : il décrit Raoul comme un « gargantuesque ‟waiter” à l’humour à la Alphonse Allais des bas-fonds », et ajoute qu’ils servaient autrefois P.-E. Trudeau, mais que celui-ci juge maintenant « plus sage de n’y plus paraître[9]. » Tirant plus souvent qu’autrement le diable par la queue, Straram exprime également sa reconnaissance envers les deux serveurs et le propriétaire de la taverne, Bohdan Kowalsky : non seulement ils lui font crédit, mais ils lui prêtent aussi de l’argent lorsqu’il ne lui reste plus un sou pour manger et acheter ses cigares[10].

4. Déclin et nouvelle vie

Alice Wilson a passé la main en 1962 à Bohdan Kowalsky, un commerçant d’origine ukrainienne, qui exploite déjà une autre taverne. Il reprend le bail de dix ans signé l’année précédente avec Églantine Jarry. Après son décès et celui de son mari, Émile Desjardins, à la fin des années 1960, ce sont leurs enfants – mon père et mes tantes – qui renouvellent le bail de Bohdan Kowalsky pour dix autres années, à compter du 1er mai 1971. Le loyer est alors de 325 $ par mois. Ma famille vend finalement le triplex le 26 avril 1973. Reflet de la perception selon laquelle le quartier environnant s’est fortement détérioré au cours de cette période, la transaction est conclue pour la somme de 25 000 $, soit le même montant qu’en 1927, presqu’un demi-siècle plus tôt !

D’autres y voient cependant une occasion d’affaires, puisque, moins d’un an plus tard, le 20 février 1974, l’acheteur du triplex, Léopold Lalonde, le vend aux Placements Masson qui le revendent le même jour à T. Michopoulos. Le 8 juin 1979, Bohdan Kowalsky devient finalement propriétaire des lieux : il revend le tout peu de temps après à son épouse, Ann Karman Kowalsky qui contracte alors une hypothèque de 72 000 $. Celle-ci devient également l’exploitante légale de la taverne, puisque c’est elle qui demande le renouvellement du permis en 1980 et sa modification pour en faire un bar avec terrasse. L’établissement souffre alors d’une réputation sulfureuse, décrite ainsi par la journaliste de La Presse, Marie-Claude Lortie :

Quand j’étais ado, ce lieu s’appelait la Taverne Wilson. Et elle n’était pas très fréquentable. Certes, c’était un lieu où l’on pouvait aisément trouver du pot, hautement illégal à l’époque, et on n’y scrutait pas minutieusement les cartes d’identité prouvant notre majorité. Mais ce n’était pas le genre de lieu respirant la joie et la liberté où l’on avait envie de passer ses soirées quand on était une jeune femme. J’avais oublié tout cela, souvenirs glauques rangés bien loin dans tous mes souvenirs glauques d’ado[11].

Même si Ann Karman, devenue veuve, cède l’exploitation du bar à d’autres personnes à partir de 1985, elle demeure la propriétaire du triplex jusqu’en 2006. Elle le vend alors à Daniel Veillette, son gestionnaire depuis 1989. La nouvelle réputation du Mile End comme « quartier branché » a fait bondir la valeur du triplex et de son commerce, puisque ce dernier débourse 600 000 $ pour en faire l’acquisition. Sans doute soucieux de changer l’image de l’établissement, Veillette l’a renommé « L’Autre bar Wilson » au début des années 1990 (Wilson disparaît quelques années plus tard). Il a également obtenu la permission de présenter des spectacles : des ensembles de jazz s’y produisent vers le milieu des années 1990, accompagnés d’invités telle la chanteuse Terez Montcalm. Après le décès de Daniel Veillette, le 2 mai 2015, l’immeuble est de nouveau vendu à quelques reprises : le rôle d’évaluation de 2023 de la Ville de Montréal estime que sa valeur est maintenant de 1 500 000 $. Quant au rez-de-chaussée, L’Autre bar est devenu la Taverne du Pélican en 2018.

L’intérieur de L’Autre bar, années 2000. Dessin de Michel Hellman. Avec son aimable permission.

Recherche et rédaction : Yves Desjardins, avril 2024.

Révision : Justin Bur et Jean-Claude Robert.

Outre les sources citées plus bas, cet article s’appuie sur les actes de vente et les baux conservés au Registre foncier du Québec.


[1] Maxime avait été placé une première fois sous la tutelle de son frère en 1909 pour « ivrognerie d’habitude. » En janvier 1922, c’est son épouse, Zélia, qui obtient une interdiction de capacité légale à l’endroit de son mari et sr fait désigner comme sa curatrice. Pour plus de détails, voir l’article sur la famille Jarry.

[2] Bail entre Églantine Jarry et Félix et Joseph St-Vincent, Actes du notaire Joseph-Philippe Lamarche, 7 novembre 1935, Registre foncier : bureau de Montréal, no 383612. On peut penser que les sœurs Jarry considèrent l’opération comme un investissement, puisque c’est Alice qui a prêté aux frères une partie des fonds requis pour exploiter leur taverne : le bail prévoit également la prorogation jusqu’en 1939 d’un billet à ordre de 5000 $ avec intérêt de 5% qu’elle leur a consenti.

[3] Bail entre Églantine Jarry et Alice Sénécal, Actes du notaire Thomas Ducharme, 20 novembre 1940, Registre foncier : bureau de Montréal, no 491402. Le bail, qui inclut toujours la location du 2e étage à des fins résidentielles, comprend une nouveauté : Églantine Jarry se réserve l’accès et l’usage en tout temps d’une partie du sous-sol. Le local sera utilisé comme chambre noire par le père de l’auteur.

[4] François Forest, « Les taverniers semblent d’accord, à différents degrés », La Presse, 27 septembre 1978, p. E20.

[5] Guy Cormier, « Quand allons-nous déloger Duvalier ? », La Presse, 6 janvier 1981, p. A6.

[6] Luc Beauregard, « Qui est Jean-Jacques Lanciault ? », La Presse, 6 juillet 1963, p. 1 ; Louis Fournier, F.L.Q. Histoire d’un mouvement clandestin, Québec-Amérique, 1982, p. 45-47.

[7] Patrick Straram, « Le Bison ravi fend la bise », Le Jour, 26 août 1974, p. 13.

[8] Patrick Straram, « Information / Lieu d’un autoportrait fête », Ovo Photo, no 6, février 1972 p. 50 et : « Quelques draughts à la taverne de Kowalski et la Brador à l’Asociacion de Pedro », Ovo Photo, no 8, juillet 1972.

[9] Ibid.

[10] Patrick Straram, « Un écrire critique, une érotique / politique », Chroniques, juin 1975, p. 99.

[11] Marie-Claude Lortie, « La Taverne du Pélican : un agréable oiseau rare dans le Mile End », La Presse, 11 juin 2018.


2 commentaires sur “Un établissement iconique du Mile End : la Taverne de la veuve Wilson

  • Marie

    Bravo pour l article.
    Aussi, feu mon beau-père, Dr. André Wilson ainsi que son frère Marcel, ont pu payer leurs études en médecine à l université de Montréal, en travaillant comme serveur, à la taverne de sa mère, Alice Wilson!

  • Anne Desjardins

    Quelle histoire fascinante! Ma mère, perite fille de Maxime Jarry, fille d’Églantine (et tante de l’auteur de ce magnifique topo!), a passé sa jeunesse au-dessus de la fameuse taverne. Et toute sa jeunesse, elle a eu honte d’habiter là. Surtout que ses petites camarades de classe de l’école d’Outremont qu’elle fréquentait n’avaient pas le droit d’aller chez ma mère pour jouer avec elle après l’école. D’abord, parce que d’habiter au-dessus d’un “débit de boisson” était très mal vu; ensuite, parce que pour les familles bourgeoises d’Outremont, habiter à l’est de l’avenue du Parc, c’était le signe qu’on appartenait à une autre classe sociale, quelque peu inférieure. Ma mère m’a raconté avoir perdu une amie très chère le jour où les parents de celle-ci sont venus la chercher après la classe chez ma mère. La petite fille n’a plus jamais été autorisée à fréquenter ma mère lorsque ses parents ont réalisé où elle habitait… Cuisante humiliation, jamais oubliée. Au point où, lorsque ma mère, récemment divorcée, aurait pu améliorer considérablement son sort en s’installant dans l’ancien logement de 7 pièces de sa jeunesse (magnifique, en passant) avec ses 4 ados, elle a préféré demeurer locataire plutôt que de retourner vivre là, même si la famille (dont ton père, Yves, exécuteur testamentaire) souhaitait l’aider en lui permettant d’accéder à la propriété à très bon prix. Les humiliations de sa jeunesse étaient encore trop douloureusement présentes et elle craignait que ses enfants soient ostracisés à leur tour. Les 4 ados en question étaient amèrement déçus de son choix, conscients que les mentalités avaient évolué, et ils auraient tellement voulu se retrouver dans le feu de l’action de ce quartier du Mile End en pleine ébullition… Mais notre mère est demeurée inflexible, faisant fi des sages conseils de son grand frère qui souhaitait tant l’aider!

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