École Luke-Callaghan


La nouvelle école, rue Clark, peu après sa construction en 1922. Photo publiée dans la brochure du 25e anniversaire de la paroisse, 1927 [Société d’histoire du Plateau-Mont-Royal]

L’école Luke Callaghan, d’abord nommée St. Michael’s, était l’école de la communauté irlandaise catholique du Mile End. Ouverte en 1907, elle est initialement située sur la rue Boucher, au coin de la rue Drolet. Les Sœurs de Sainte-Anne enseignent aux filles et les Frères maristes, aux garçons.

Après la construction en 1915 de la nouvelle église St. Michael à son emplacement actuel, rue Saint-Viateur Ouest, l’école déménage à son tour. Les classes se tiennent d’abord dans des magasins loués de la rue Saint-Viateur jusqu’à l’ouverture, en 1922, du bâtiment actuel, situé rue Clark, entre Saint-Viateur et Bernard. Les Sœurs de Sainte-Anne y enseignent toujours aux filles, qui utilisent une entrée séparée. Après le retrait des Frères maristes en juin 1925, le curé de la paroisse, Luke Callaghan, confie à une communauté venue d’Irlande, les Presentation Brothers, l’enseignement aux garçons. L’école est rebaptisée Luke Callaghan Memorial après le décès du curé, en 1931.

Le départ de la population irlandaise du Mile End, au cours des années 1950-1960, entraîne une transformation de la clientèle scolaire. Le niveau secondaire déménage à la nouvelle école Pie X, située à Ahuntsic, en 1960. Les Presentation Brothers quittent les lieux en 1968, car les enfants de la communauté italienne du quartier ont remplacé les Irlandais. La forte immigration italienne des années 1950 et le baby-boom font en sorte que l’école est alors rapidement surpeuplée. Des classes doivent être transférées dans les écoles françaises du quartier, mais elles ne répondent pas à la demande. Cette situation entraine des manifestations contre la direction du secteur anglais de la commission scolaire catholique de la part des parents italiens, lors du printemps et de l’été 1968.

Mais la communauté italienne déserte à son tour le Mile End pour la banlieue ; en outre, la Charte de la langue française (loi 101), promulguée en 1978, fait en sorte que les enfants des immigrants vont désormais à l’école française. Au cours des années 1980, c’est l’école primaire voisine, Lambert-Closse, qui deviendra l’école multiethnique du quartier. L’école Luke Callaghan se vide, et lorsqu’en 1983 le nombre des élèves tombe sous le seuil de 200, le secteur anglais de la Commission des écoles catholiques de Montréal (CÉCM) décide de les transférer à l’école Nazareth, située rue Jeanne-Mance, entre l’avenue Laurier et le boulevard Saint-Joseph. Une pétition de 600 noms, qui dénonce l’influence sur les enfants de la pornographie présente dans les bars et cinémas de l’avenue du Parc adjacente, n’y fait rien.

L’école Luke Callaghan, 5611 rue Clark, en 2009 [Google Street View]

Le bâtiment abrite aujourd’hui un Centre de la petite enfance (CPE) et le Centre de ressources éducatives et pédagogiques, qui offre des formations pour adultes. La façade de l’édifice, à risque de perdre des briques, est recouverte d’un filet depuis 2015 en attendant une restauration.


Recherche et rédaction : Yves Desjardins

Dictionnaire historique du Plateau Mont-RoyalExtrait (augmenté) du Dictionnaire historique du Plateau Mont-Royal (Écosociété, 2017) avec l’aimable autorisation de l’éditeur