Église Saint-Georges


Église Saint-Georges, 1914 [<i>L'action ouvrière</i>, nov. 1914 – BAnQ]

Église Saint-Georges, 1914 [L’action ouvrière, nov. 1914 – BAnQ]

L’actuelle École Lambert-Closse est construite en 1971 sur des terrains initialement occupés par des institutions de l’ancienne paroisse Saint-Georges : l’Académie Saint-Georges, l’église Saint-Georges et son presbytère.

Les années 1970 marquent une laïcisation du Québec et la désaffection de ses églises par leurs paroissiens ; ce qui entraine la démolition d’un certain nombre d’édifices religieux. Le Mile End n’est pas épargné par ce phénomène. Il touche ainsi de plein fouet la paroisse Saint-Georges. En janvier 1971, l’imposante église Saint-Georges, construite à grands frais en 1913, est démolie. Il n’en reste plus rien aujourd’hui.


Monseigneur Paul Bruchési, archevêque de Montréal, fonde la paroisse Saint-Georges le 27 juin 1908 en démembrant une partie de la paroisse Saint-Enfant-Jésus, érigée en 1867. Le territoire de la nouvelle paroisse est compris entre la voie ferrée du Canadien Pacifique au nord, la rue Saint-Viateur au sud, la rue Hutchison à l’ouest et la rue Henri-Julien à l’est. La paroisse est confiée aux Religieux de Saint-Vincent de Paul, une congrégation fondée en France en 1845 par trois laïques, Jean-Léon Le Prevost, Clément Myionner et Maurice Maignen. Cette congrégation s’est donnée pour mission l’évangélisation de la classe ouvrière. Les Religieux veulent faire de la paroisse Saint-Georges « une paroisse ouvrière modèle ».

Le nord du Mile End vit alors une urbanisation accélérée et une croissance démographique spectaculaire. En l’espace de cinq ans, la nouvelle paroisse se dote de deux écoles, l’Académie Saint-Georges (1908) et l’École Dollard (1910), d’un centre communautaire pour les jeunes catholiques, le Patronage Le Prevost (1913), et d’une imposante église de style roman, l’église Saint-Georges (1913). La conception des plans de l’église est confiée aux architectes Joseph Elgide Césaire Daoust et Louis Zéphirin Gauthier, qui avaient déjà dessinés les plans de l’Académie Saint-Georges et de sa chapelle, ainsi que ceux de l’École Dollard.

La croissance de la paroisse Saint-Georges est ralentie par la première guerre mondiale et par la concurrence d’une paroisse irlandaise, St. Michael, qui a érigé son église sur le même territoire, l’église Saint-Michel-Archange (1915). Mais c’est la décennie 1970 qui est fatale à la paroisse Saint-Georges. À la suite de la Révolution tranquille, le Québec connait, en effet, de grandes transformations sociales, en particulier un phénomène de laïcisation. Les paroissiens délaissent leurs églises. Moins d’argent entre dans les coffres des fabriques des paroisses qui se voient dans l’obligation de prendre des décisions, parfois brutales, quant au devenir de leurs églises, qu’elles n’ont plus les moyens d’entretenir. C’est ce qui se produit pour la paroisse Saint-Georges. En 1970, il est décidé de fermer l’église Saint-Georges. Parallèlement, le quartier connait un bouleversement important. Dans le cadre du projet du viaduc Rosemont–Van-Horne, la ville de Montréal a exproprié 52 maisons sur les rues Saint-Urbain et Clark, ce qui représente le déplacement de 124 familles – la majorité d’entre elles seront relogées dans le quartier. Une institution d’importance est également vouée à la démolition : l’École Lambert-Closse (anciennement École Dollard), située au 5941-5945 rue Saint-Urbain, afin de permettre le raccordement grâce à un tunnel de la rue Clark à la rue Saint-Urbain.

La Commission des écoles catholiques de Montréal est à la recherche d’un terrain pour y bâtir une nouvelle école. Il est d’abord envisagé d’exproprier d’autres logements afin de faire place à cette école. Mais les difficultés rencontrées par la paroisse Saint-Georges arrivent à point nommé. La Commission négocie finalement avec la paroisse l’achat de l’église, du presbytère et de l’Académie Saint-Georges et les terrains qu’ils occupent pour la somme de 500 000 $. Ces édifices seront démolis en janvier 1971 pour faire place à la nouvelle école Lambert-Closse, une école de 580 élèves au niveau élémentaire et de 80 élèves au niveau de la maternelle.

Guy L. Côté a filmé la démolition de l’église Saint-Georges dans son documentaire Tranquillement, pas vite (1972) portant sur les mutations religieuses que connait le Québec au début des années 1970. On y voit l’église violemment frappée par la boule des démolisseurs et le peu de cas qu’il est fait du patrimoine religieux.

La communauté occupe ensuite une salle dans un immeuble situé en face à l’ancienne église, au 100 rue Bernard Ouest. Il s’y trouve également la clinique populaire Saint-Georges, administrée par la paroisse, de 1967 à 1995. Mais en raison de la désaffection croissante, la paroisse Saint-Georges est finalement réabsorbée en 2001 par la paroisse Saint-Enfant-Jésus.

Intérieur de l'église Saint-Georges, 192_ Archives du Patro Le Prevost

Intérieur de l’église Saint-Georges, 192_, Archives du Patro Le Prevost

 

[Recherche : Yves Desjardins – Rédaction : Christine Richard]