Fédération nationale ukrainienne


L’église Fairmount Methodist, avenue Fairmount Ouest à l’intersection de Hutchison, vers 1910. [Pointe-à-Callière, Cité d’archéologie et d’histoire de Montréal, Fonds Christian Paquin.]

L’édifice situé à l’angle nord-est de l’avenue Fairmount et de la rue Hutchison incarne bien les nombreuses mutations du quartier Mile End. Il fut tour à tour l’église Fairmount Methodist, la synagogue Chevra Kadisha et le siège montréalais de la Fédération nationale ukrainienne du Canada. C’est aussi une salle de spectacle, en particulier pour les concerts du festival Pop Montréal.

Les méthodistes sont présents depuis le milieu des années 1890 dans la partie ouest du Mile End, alors nommée Montreal Annex. Une première église a ouvert ses portes, au coin de Fairmount et Jeanne-Mance, à l’été 1894. Mais bientôt, avec l’augmentation de la population anglo-protestante, elle ne suffit plus. La congrégation entreprend donc en 1906 la construction d’une nouvelle église de près de 900 places. Elle est située à la frontière d’Outremont, soit trois coins de rues plus à l’ouest, et le premier service religieux s’y tient en mai 1907. Mais la présence de la classe moyenne anglo-protestante dans le secteur sera de courte durée.

En 1925, les églises méthodistes, presbytériennes et congrégationalistes au Canada décident d’une fusion. Cela se répercute sur les églises du Mile End dans un contexte d’évolution démographique: le journal The Gazette explique qu’en raison de l’afflux de la population juive dans le secteur, la communauté Fairmount Methodist ne compte plus qu’une quinzaine de familles vivant à proximité de l’église. Le 5 décembre 1928, la congrégation fusionne avec l’église presbytérienne St. Giles, rue Saint-Denis, et une partie des membres de l’église presbytérienne MacVicar Memorial, rue Saint-Viateur. La nouvelle congrégation, nommée Fairmount–St. Giles United Church, déménage dans une église construite au nord-ouest, au coin des avenues Bernard et Stuart à Outremont. (Cette église fermera à son tour en 1990.)

La synagogue Chevra Kadisha, vers 1940 (ckbj.org)

L’année suivante, en 1929, la congrégation juive Chevra Kadisha achète l’édifice de l’avenue Fairmount pour le transformer en synagogue. Cette congrégation orthodoxe existe depuis 1893. Il s’agit d’abord d’une société d’entraide pour assurer les rites funéraires et les enterrements des membres de la communauté juive montréalaise, sans égard à leurs moyens financiers. Elle délaisse cette fonction en 1912, lorsque le salon funéraire commercial juif Paperman and Sons est fondé.

La première synagogue, construite en 1903, rue Saint-Urbain, au centre-ville, est détruite par un incendie en 1920. La congrégation déménage alors au 3498 rue Jeanne-Mance, à l’intersection de la rue Milton. En 1929, elle déménage de nouveau, cette fois dans le Mile End, en faisant l’achat de l’église Fairmount Methodist. L’édifice subit alors d’importantes transformations : on remplace le toit en pente par un toit plat, afin de le rehausser et d’ajouter une galerie réservée aux femmes; une étoile de David apparaît sur le fronton de la façade; et une nouvelle entrée principale est aménagée.

Avec l’exode de la communauté juive vers les nouvelles banlieues, après la Seconde Guerre mondiale, la congrégation entreprend la construction, en août 1954, d’une nouvelle synagogue, au coin des rues Clanranald et Isabella. La fusion avec la congrégation B’nai Jacob, en 1956, entraîne le regroupement de tous les services dans ce nouvel édifice du quartier Côte-des-Neiges.

En 1958, la Fédération nationale ukrainienne du Canada achète à son tour l’édifice de l’avenue Fairmount Ouest pour en faire son quartier général montréalais. Depuis, l’édifice sert de centre communautaire et culturel et abrite une bibliothèque.

À partir de 2005, le festival Pop Montréal l’utilise comme l’une de ses salles de concert.


Recherche et rédaction : Yves Desjardins

Dictionnaire historique du Plateau Mont-RoyalExtrait (révisé) du Dictionnaire historique du Plateau Mont-Royal (Écosociété, 2017) avec l’aimable autorisation de l’éditeur