Belmont (cinéma)


L’intérieur du cinéma Belmont, avenue du Mont-Royal Ouest, avec ses tableaux de Guido Nincheri montrant des scènes de la mythologie grecque. [Associated Screen News, 1930, collection Famous Players, Bibliothèque et Archives Canada, PA-119706]

Le Belmont était un cinéma situé au 24 avenue du Mont-Royal ouest, sur le coin sud-est de la rue Clark, entre 1920 et 1960. Si aucune trace de l’édifice ne subsiste aujourd’hui, son nom est encore présent dans l’édifice industriel Belmont qui l’a remplacé et dans le bar Le Belmont, au 4475 boulevard Saint-Laurent.

Le Belmont est célèbre pour sa décoration, notamment ses tableaux peints par Guido Nincheri, devenu plus tard l’un des plus importants décorateurs d’églises de montréal (voir St. Michael the Archangel). Nincheri y a peint 14 scènes tirées de la mythologie grecque et, au plafond, un dessin composé de 12 femmes représentant les 12 heures d’ouverture du théâtre. Les plâtres ornementaux, peints par Nincheri, ont été moulés par Anthony De Giorgio, également responsable de ceux du Rialto. Le constructeur (et architecte) est James Atsalinos.

L’initiateur du Belmont est P.G. Demetre, un entrepreneur (dans la crème glacée, entre autres domaines) et investisseur immobilier d’origine grecque. Ayant acheté de la famille Bagg, fin 1906, le grand lot situé entre Saint-Laurent et Clark, au sud de l’avenue du Mont-Royal, il construit en 1915 un immeuble industriel de 10 étages sur la moitié est ; c’est le Demetre Building (4446 boulevard Saint-Laurent), encore existant. Cinq ans plus tard, le cinéma s’élève sur la moitié ouest du même lot. L’associé de Demetre, un courtier en assurances nommé Isidore Crépeau, est déjà actif dans le monde du cinéma aux côtés de George Nicholas Ganetakos (fondateur de United Amusements). Dès l’ouverture, le 20 novembre 1920, et pendant ses sept premiers mois d’existence, le Belmont est exploité par la St. Lawrence Amusements, sous la direction de J.-O. Gareau, propriétaire du Mount Royal Departmental Store situé en face sur l’avenue du Mont-Royal. Mais en juin 1921, United Amusements prend le contrôle des salles de cinéma de P.G. Demetre, qui devient membre du conseil d’administration de United. Le Belmont fait désormais partie du circuit des cinémas de quartier de United. Les films sont présentés d’habitude en anglais, bien qu’il y ait eu certaines présentations en yiddish et en français dans les années 1930.

Rayé du circuit United en mars 1958, le Belmont tente de survivre comme salle indépendante en offrant une programmation de variétés. Peine perdue : il ferme quelques mois plus tard. United vend la propriété à un promoteur en décembre 1959 et, l’année suivante, la salle qui fut jadis considérée comme une galerie d’art et la fierté de l’avenue du Mont-Royal est démolie pour permettre la construction d’un immeuble industriel.


Recherche et rédaction : Justin Bur.

Dictionnaire historique du Plateau Mont-RoyalExtrait du Dictionnaire historique du Plateau Mont-Royal (Écosociété, 2017) avec l’aimable autorisation de l’éditeur