Hôtel de ville de Saint-Louis


Hôtel de ville

L’hôtel de ville, devenu la caserne de pompiers no 30 du district Laurier, vers 1920 [Archives de la ville de Montréal, CA M001 VM094-Y-1-17-D0409]

Véritable pastiche des châteaux de la Loire, cet édifice témoigne de l’époque où les élus de Ville Saint-Louis voulaient doter leur municipalité d’un centre civique prestigieux. Conçu en 1898, il ouvre ses portes fin 1905 et vient couronner l’ensemble civique aménagé autour du parc Lahaie, la place publique centrale. L’ensemble veut donner l’image d’une banlieue exclusive et prospère : nouvelle façade néobaroque de l’église Saint-Enfant-Jésus, succursale de la Banque des marchands, nouveau bureau de postes, et enfin le majestueux boulevard Saint-Joseph, réservé aux seules écoles et résidences, qui est complété la même année.

Mais la fonction d’hôtel de ville de l’immeuble ne durera que quatre ans. Toutes ces dépenses ont lourdement endetté la municipalité qui n’a d’autre choix que d’accepter l’annexion par Montréal en 1910.


La « Maison municipale » de Saint-Louis du Mile-End se trouvait initialement sur la rue Saint-Dominique, au sud du boulevard Saint-Joseph, à l’emplacement de la cour de l’actuelle école Saint-Enfant-Jésus. Mais lorsque le village acquiert le statut de ville, en 1895, les élus songent à un édifice plus prestigieux. Ils font l’acquisition d’un terrain situé au coin des rues Saint-Louis (Laurier) et Saint-Laurent.

Le 2 août 1897, l’ingénieur municipal, Joseph-Émile Vanier, qui est également architecte, offre au conseil de faire les plans du nouvel édifice. Il propose une « bâtisse confortable et sans prétention », qui abritera, en plus du conseil municipal, le poste de police, une station de pompiers, un bureau de poste et la Cour municipale. Le conseil accepte l’offre, mais il recule en septembre, face à l’opposition de contribuables qui estiment que les coûts prévus – 60 000 $ – sont trop élevés.

Le projet est relancé en 1902, et même si les plans montrent que la bâtisse « sans prétention » se veut une copie des châteaux de la renaissance française, avec donjons, mâchicoulis et tourelles, les coûts ont été révisés à la baisse de moitié. Malgré cela, l’opposition d’une partie des citoyens demeure vive et les travaux ne commencent qu’en 1904. Le nouvel hôtel de ville est finalement inauguré en décembre 1905, mais les élus municipaux ne sont pas au bout de leur peine. Toute la façade doit être reconstruite entre 1908 et 1910, car la maçonnerie s’effrite à cause des nombreuses infiltrations d’eau. L’entreprise Latreille frère, maçons, et l’architecte Vanier se renvoient mutuellement la responsabilité. Déjà, une « Ligue des citoyens », formée en 1905, avait fait du dépassement des coûts lors de la construction l’un des principaux enjeux de la campagne électorale de 1906 : ceux-ci avaient doublé, rejoignant les prévisions de Vanier en 1897.

De toute façon, la durée de vie de l’édifice comme hôtel de ville est fort brève, puisque Montréal annexe ville Saint-Louis, lourdement endettée, le 1er janvier 1910. Les projets de prestige, comme l’hôtel de ville et le boulevard Saint-Joseph, auront contribué à cette dette. Des rénovations effectuées en 1950 ont fait en sorte qu’il ne reste que peu de choses du caractère d’origine à l’intérieur, hormis les cellules au sous-sol. L’édifice héberge aujourd’hui la caserne no 30 du service des incendies de Montréal et, depuis 1980, le Musée des pompiers auxiliaires de Montréal.

 

[Recherche et rédaction : Yves Desjardins]