L. Villeneuve et compagnie


Leonidas Villeneuve & cie – La Patrie, 29 mai 1909, p. 11 (BAnQ). La date 1872 citée dans cette annonce est erronée.

La quincaillerie et cour à bois L. Villeneuve et Compagnie n’est pas seulement un point de repère à la frontière du Mile End et de la Petite-Italie. Cette entreprise, la plus ancienne encore en activité sur le territoire de ce qui était alors Saint-Louis-du-Mile-End, a joué un rôle essentiel dans l’urbanisation du quartier.


L’histoire de la plus ancienne entreprise en activité du Mile End commence à quelques pas du lieu de naissance même du Mile End. En 1875, le jeune Leonidas Villeneuve (1849-1913) s’associe avec son cousin Joseph-Octave Villeneuve (1836-1901), alors maire du village de Saint-Jean-Baptiste, pour fonder une entreprise de bois et de matériaux de construction, L. Villeneuve et compagnie, rue Saint-Laurent, sur les terrains adjacents à l’auberge du Mile End, juste au nord de l’actuelle avenue du Mont-Royal. En 1907, l’entreprise déménage son clos à bois au coin du boulevard Saint-Laurent et de la rue Bellechasse. Pendant plusieurs décennies, elle occupera également le terrain au nord de la rue Bellechasse, où sont aujourd’hui implantées une station service ainsi qu’une quincaillerie Canadian Tire.

Au tournant du 20esiècle, l’entreprise est florissante. Elle fournit le bois de construction nécessaire à l’urbanisation au nord et au sud de l’avenue du Mont-Royal. La cour à bois est idéalement située aux abords de la voie ferrée du Canadien Pacifique. Elle est le lieu de réception du bois d’œuvre et des menuiseries expédiés par train depuis Saint-Jérôme, où Villeneuve s’est associé à Louis Pépin pour fonder le moulin à scie Pépin Villeneuve et compagnie.

Moulin à scie Pépin & Villeneuve, Saint-Jérôme, 1893 – A.J. Rice, Laprés & Lavergne, Le monde illustré, 11 nov 1893 (BAnQ)

Léonidas Villeneuve devient un important propriétaire foncier : prévoyant l’urbanisation au nord de l’avenue du Mont-Royal, il y a acheté de nombreux terrains et participe activement à la fièvre spéculative qui s’est emparée de Saint-Louis-du-Mile-End à partir des années 1880.

Portrait de Léonidas Villeneuve, dans Souvenir Maisonneuve : esquisse historique de la ville de Montréal avec portraits et biographies de quelques-uns de nos Canadiens-français distingués, 1894 (BAnQ)

Tout comme son cousin, Léonidas se lance en politique. Entre les années 1880 et 1900, il sera plusieurs fois élu échevin, puis maire de Saint-Louis-du-Mile-End, devenu la ville de Saint-Louis en 1895. Ses mandats politiques ne mettent pas un frein aux affaires. Ainsi, c’est son entreprise qui fournit les matériaux pour la construction du réseau d’aqueducs de la ville de Saint-Louis.

Léonidas Villeneuve a également imprimé sa marque dans la toponymie du Mile End. En 1897, la rue Fortin est prolongée à l’ouest du boulevard Saint-Laurent et rebaptisée rue Villeneuve en son honneur. Villeneuve possède des terrains à cette intersection. Au début des années 1900, il fait construire sa résidence, aujourd’hui disparue, au coin sud-est des rues Clark et Villeneuve et érigé deux bâtiments de trois étages, au coin sud-ouest du boulevard Saint-Laurent et de la rue Villeneuve ouest entre 1904 et 1909 (aujourd’hui 4638-4660 boulevard Saint-Laurent). Ces deux édifices, aux façades bien conservées, existent toujours. Les bureaux initiaux de l’entreprise sur le boulevard ont disparu.

Depuis 1973, la cour à bois appartient à la famille Arseneault.


Recherche : Yves Desjardins

Rédaction : Yves Desjardins et Christine Richard