Parc Parasol


Parc Parasol, 1977 [Marilyn Montblanch]

Parc Parasol, 1977 [Marilyn Montblanch]

L’édifice de 1912 où a emménagé le YMCA après avoir occupé pendant trois ans l’immeuble à l’angle nord-est de l’intersection de Fairmount et Jeanne-Mance, jugé vétuste, est fermé en 1989. En 1993, il est remplacé par un édifice, dont l’architecture pastiche rappelle celle de son prédécesseur. La nouvelle bâtisse occupe désormais l’ensemble du terrain. La piscine du YMCA est construite sur un espace qui était resté plus ou moins vacant jusque-là. Cet espace fut, de manière intermittente, le seul terrain de jeux aménagé pour les enfants de la partie ouest du Mile End. De 1977 jusqu’à 1993 le parc Parasol, projet porté par l’Esplanade Street Association, une association de citoyens du quartier, a occupé les lieux.

Depuis les années 1890, dès les débuts de la Montreal Annex (nom sous lequel était connu l’ouest de l’actuel Mile End), les citoyens se sont mobilisés inlassablement auprès des élus pour réclamer un parc digne de ce nom pour leurs enfants. Il faut attendre les années 1980 pour que les premiers parcs publics de l’ouest du Mile End soient créés.


En 1912, le YMCA North End Branch quitte l’angle nord-est de l’avenue Fairmount et de la rue Jeanne-Mance et emménage dans des locaux neufs au coin nord-ouest de l’avenue du Parc et de la rue Saint-Viateur ouest. Dans un publireportage de 1913 sur le North End – c’est ainsi que l’on désigne alors le Mile End -, on peut lire cette description des équipements et services offerts : « On y trouve une grande salle de réception, des livres, des revues, des jeux de dames et d’échecs, un gymnase bien éclairé et ventilé, pourvu de tous les appareils modernes, et où les exercices se font sous la surveillance d’un instructeur compétent; on y trouve aussi des salles de bains, une piscine de natation de 18×45 pieds, un jeu de quilles, une salle de billard et un dortoir pouvant accommoder trente-et-une personnes. » Le YMCA est ainsi parfaitement équipé pour assurer le bien-être intellectuel, spirituel et physique des jeunes hommes protestants du quartier.

Aujourd’hui, le YMCA s’adresse à tous et est un acteur important dans le maillage du tissu social du quartier. Son action a été particulièrement déterminante dans les années 1960-1980. Le Mile End est alors un des quartiers les plus pauvres de Montréal, une de ces zones grises que les promoteurs du renouvellement urbain auraient aimé voir disparaître. Le YMCA accueille les nouveaux-arrivants, qui commencent au bas de l’échelle sociale, et facilite leur intégration.

L’édifice de 1912 n’occupait pas l’intégralité de l’espace où se trouve actuellement le YMCA Du Parc (1993). Existait entre le YMCA et la plus vieille maison de l’avenue du Parc au nord de l’avenue Mont-Royal (5570-5578 avenue du Parc) un espace vacant. Ce terrain est occupé aujourd’hui par la piscine du YMCA. Le YMCA avait aménagé sur cet espace un terrain de jeux. Mais dans les années 1950, alors que l’automobile devient reine et la vie en banlieue le mode de vie désirable, le terrain est transformé en espace de stationnement pour les employés du YMCA. Les activités organisées pour les enfants d’immigrés, la plupart grecs, ont lieu dans les ruelles. Dans l’ouest du quartier, il n’existe alors plus d’espace dédié aux jeux de plein air.

Le manque de parcs est un problème chronique dont souffre depuis ses débuts l’ouest du Mile End, originellement appelé Montreal Annex, un projet résidentiel haut de gamme lancé en 1891. Fletcher’s Field (le parc Jeanne-Mance) est alors considéré par les familles comme trop éloigné pour permettre aux enfants de s’y rendre, à moins qu’il ne s’agisse d’excursions supervisées d’une demi-journée. Les années passent, le quartier chic devient un quartier d’accueil pour les immigrants, les vagues d’immigration se succèdent et les citoyens continuent à pétitionner pour la création d’un parc.

Au printemps 1973, des parents se regroupent dans l’Esplanade Street Association. Ils réclament des mesures d’apaisement de la circulation telles qu’un feu clignotant pour protéger les enfants et la création d’un terrain de jeux. Après une série de moyens de pression – pétition de 600 noms, blocage de l’avenue Van Horne, etc. -, on leur promet un terrain de jeux. Une année s’écoule et la porte-parole du groupe constate que rien n’a été fait. Il faudra l’intervention d’une militante de l’Association et jeune étudiante en architecture, Marilyn Montblanch, pour convaincre le YMCA de faire renaitre le terrain de jeux de l’avenue du Parc. En 1976, elle propose le « projet Parasol ». Il s’agit de transformer le stationnement en mini-parc et en café-terrasse. Le parc, inauguré le 6 juillet 1977, sert aux enfants et aux animateurs du Camp de jour du YMCA. En soirée, place au Café et à des spectacles organisés par des groupes communautaires du quartier.

La démolition de l’édifice du YMCA, jugé vétuste, et son remplacement par un nouvel édifice occupant l’ensemble du terrain en 1993 entraînent la disparition du parc Parasol. Mais les années de mobilisation des résidents du quartier ont fini par porter leurs fruits. Les citoyens ont été entendus par les élus : vers 1980, le parc Toto-Bissainthe, au coin nord-est de l’intersection Hutchison et Van Horne, est créé; en 1987, le parc Mile End jouxtant la bibliothèque Mordecai Richler est ouvert et le terrain de jeux aménagé dans le stationnement de l’école Édouard VII obtient le statut officiel de parc-école; en 1999, le parc Clark – aujourd’hui Lhasa-De Sela – , créé en 1973, est réaménagé.


Indications bibliographiques

Yves Desjardins, Les terrains de jeux du Mile End


Voir aussi

YMCA Du Parc
Maison Georges-Marcil

 

Remerciements à Marilyn Berzan-Montblanch
[Recherche et rédaction : Yves Desjardins]