Deux familles montréalaises : les Bagg et les Clark


(Note: cet article accompagne la conférence que Justin Bur a donné à la bibliothèque du Mile End le 16 décembre 2012.)

Par Yves Desjardins et Justin Bur
Modifications: 2013-06-30, 2018-11-29

Tous les Montréalais connaissent bien les rues Clark, Fairmount et Bagg. Beaucoup moins nombreux par contre sont ceux qui savent que les noms de ces rues sont liés à l’histoire d’une famille qui, pendant quatre générations, a largement contribué à modeler le visage du Plateau Mont-Royal. Deux familles, en fait – l’une d’origine anglaise, l’autre d’origine américaine – les Clark et les Bagg, arrivées à Montréal à la fin du 18e siècle, qui s’uniront pour n’en devenir qu’une seule[1].

Lorsque les Clark et les Bagg émigrent, Montréal commence à peine à sortir des limites de ses fortifications; au nord, le faubourg Saint-Laurent se termine aux environs de l’actuelle rue Ontario et ce qui deviendra le Plateau n’est encore qu’un espace rural parsemé de carrières. En 1891, le rédacteur de l’annuaire Lovell publie ses réminiscences sur l’histoire du secteur :

«Before the year 1800 the site on which the village stands was a forest, and mostly belonged to Pierre D. Bélair. An Englishman, named Mountpleasant, purchased it from the former owner, and experimented with orchard culture with a large stock of fruit trees imported from England. His attempt was unsuccessful, and the land passes into the Whitehall and Knapp families. A few years later John and Jacob Wurtele purchased a large portion of it, and in 1816 it was subdivided between Wurtele, Fortier, John Spalding, Richard Smith and others. Still later Stanley Bagg purchased a tract of about forty acres, on a portion of which the Provincial Exhibition buildings are now erected. In 1805 a clearance was made on the west side of St. Lawrence road to the brow of the Mountain, northward from where the Hotel Dieu Convent and Hospital now stands, to the present Mount Royal avenue. The clearance was turned into pasture land and a race course. The course was the only one in either Lower or Upper Canada. Robert Lovell and family, in 1820 and 1821, occupied was then known as the Wurtele property, now almost the centre of this prosperous and progressive village, then known as the Mile End. On the outskirts are several farms, among which may be noted that of John Spalding, whose father was one of the first pioneers in this district. All this immense tract of land originally belonged to the Seminary of St Sulpice and the Ladies of the Hotel Dieu. »[2]

Stanley Bagg et John Clark

Stanley Bagg

Stanley Bagg

Stanley Bagg quitte le Massachusetts vers 1795 en compagnie de ses deux sœurs, de son frère, Abner, et de leur père, Phineas. Phineas est veuf, un fermier endetté; c’est sans doute pour fuir ses créanciers qu’il émigre au Canada. On retrouve sa trace en 1798, alors qu’il est aubergiste à Laprairie, sur la rive sud de Montréal. C’est d’ailleurs ce métier d’aubergiste qui permet à la famille Bagg de prendre racine dans le Mile End : en 1810, Phineas et Stanley, alors âgé de 22 ans, signent un bail de cinq ans avec un dénommé John Clark pour louer la taverne dite du «Mile End» située sur ce qui est maintenant le coin nord-ouest du boulevard Saint-Laurent et de l’avenue du Mont-Royal. Une annonce dans la Gazette publiée le 7 août 1815 offre une récompense pour un cheval appartenant à Stanley Bagg disparu d’un pâturage leur appartenant à proximité de la «Mile-End Tavern» : cette annonce, retrouvée dans les années 1990, a pu remettre une nouvelle génération de chercheurs sur la trace des Clark et des Bagg en démontrant que le Mile End de Montréal était bien plus ancien qu’on ne le croyait.

John Clark

John Clark est un boucher, né sur une ferme dans le comté de Durham en Angleterre. Même s’il possède des terres et des propriétés dans cette région[3], John Clark choisit d’immigrer au Canada, vers la fin du 18e siècle, en compagnie de sa femme, Mary Mitcheson et de leur fille unique, Mary Ann, née en 1795. La relation entre John Clark et la famille Bagg devient rapidement une fructueuse alliance commerciale et familiale : le 7 août 1819, Mary Ann épouse Stanley. Celui-ci et son frère Abner deviennent entrepreneurs et se lancent dans plusieurs entreprises commerciales : construction, brasserie, exportation de blé, etc. À tel point qu’on peut se demander si Stanley ne laissa pas la gestion quotidienne de la taverne à son père, Phineas. Par exemple, la même année où commence la location, en 1810, il obtient avec un associé un contrat pour démolir les vestiges de l’ancienne citadelle et ainsi agrandir le champ de Mars[4]. Ce premier contrat avec l’armée britannique en entraîne une série d’autres qui assurent le succès de Stanley : transport d’armes pendant la guerre de 1812, construction des fortifications de l’île Sainte-Hélène et surtout, en 1821, l’excavation et la construction du canal Lachine[5]. Stanley y associe d’ailleurs son beau-père, en en faisant le fournisseur de viande pour la nourriture des ouvriers du canal[6]. Stanley et Abner deviennent également propriétaires fonciers à l’extérieur de la ville : dès 1814, ils achètent une ferme qui se trouve des deux côtés du chemin de la Côte-Sainte-Catherine. Il s’y trouve une maison de bois qui sera agrandie en 1817 et que la famille utilisera comme villégiature jusqu’en 1829 : bien que fortement modifié, l’édifice existe toujours; c’est l’actuel hôtel-de-ville d’Outremont[7].

Mais c’est surtout une troisième activité, la spéculation foncière, qui consolide la fortune de la famille Bagg pour les générations à venir. Le beau-père de Stanley, John Clark, a acheté de nombreuses fermes sur le versant est du Mont-Royal, tout autour de l’auberge du Mile End, s’en allant vers le nord. Stanley loue aussi d’autres terres dans le même secteur; ces fermes sont notamment utilisées comme pâturage pour le cheptel destiné à la boucherie de John Clark.[8] Lors de son décès, en 1827, John Clark laisse à son unique petit-fils, Stanley Clark Bagg, né en 1820, la plupart de ses biens, dont la Clark Cottage Farm devenue aujourd’hui le parc Jarry[9]. Dans ce même testament, John Clark lègue à sa femme Mary Mitcheson la plus grande partie de la Mile End Farm de 60 arpents qui longe le chemin Saint-Laurent, de la limite de la ville au sud de l’avenue Duluth jusqu’à l’avenue du Mont-Royal, avec sa résidence, Mile End Lodge, située à la limite sud de la ferme; ainsi qu’une autre ferme de 15 acres située plus au nord. Quant à sa fille, Mary Ann, l’épouse de Stanley, elle hérite des propriétés de Durham, en Angleterre. Mary décède cependant en 1835, à l’âge de 39 ans, et laisse son fils Stanley Clark Bagg, un mineur de 14 ans, comme seul héritier. Quelques annnées après avoir atteint l’âge de majorité en 1841, Stanley Clark Bagg vend toutes les propriétés anglaises et réinvestit les profits à Montréal[10]. Cet héritage constitue la base d’un patrimoine foncier qui, au milieu du 19e siècle, est alors sans équivalent à Montréal. Le révérend John Douglas Borthwick, dans un volume d’esquisses biographiques des grands Montréalais, pourra écrire en 1875 que Stanley Clark Bagg était «at that time [1847] (after the seigneurs of St. Sulpice) the largest landed proprietor of the island of Montreal, having inherited his extensive properties, as well as a freehold estate in England, from his grandfather, the late John Clark.»[11] À son apogée, le domaine de la famille Bagg s’étend, au sud, de la rue Sherbrooke, entre le boulevard Saint-Laurent et l’avenue du Parc, jusqu’au parc Jarry au nord, en plus d’autres propriétés à Ahuntsic près de la rivière des Prairies.

La richesse, cependant, appartiendra au fils, non pas à son père. Stanley Bagg lui-même a été nommé exécuteur testamentaire mais n’a rien reçu à son nom. Comme plusieurs de ses contemporains, il est resté toute sa vie un marchand et un entrepreneur aux activités multiples : en plus de celles déjà énumérées, il exploite une carrière au nord du Mont-Royal et il se lance dans l’exploitation forestière à grande échelle, le long de la vallée de la rivière Châteauguay, où il vend des lots de colonisation[21]. Vers la fin de sa vie, les affaires de Stanley périclitent : il est endetté, à tel point que lorsque son fils atteint sa majorité, en 1841, et prend ainsi possession des terres que lui ont léguées sa mère et son grand-père maternel, Stanley lui fait un aveu; il a utilisé les revenus tirés de ces propriétés «for his own profit and advantage» et reconnaît devoir 3,000 livres à son fils, une somme importante à l’époque.[22]

La création d’un mythe historique

La biographie de la famille Bagg deviendra au fil des ans une histoire mythifiée qui mettra en évidence ses ancêtres britanniques tout en occultant la longue histoire américaine de la famille. Reprenant une rubrique nécrologique anonyme publiée dans le Canadian Antiquarian & Numismatic Journal[12], John Douglas Borthwick écrit que «the ancient family of Bagg can claim descent from the distinguished race of Normans, or Norsemen, and the first ancestor (…) came over from the icebound shores of Sweden in the time of Hardicanute, about A.D. 1040, and settled in England, where a branch of the family still exists.» À aucun moment les racines américaines de la famille ne sont mentionnées, même si elles remontent au milieu du 17e siècle. L’omission est reprise dans les autres biographies qui suivront – un genre particulièrement florissant à la fin du 19e siècle et au début du 20e siècle[13]. Ainsi, en 1904, on invente une carrière britannique à Stanley :

His father, the late Mr. Stanley Bagg (…) was a gentleman of leisure, who inherited two estates, one in England in the county of Durham, where he was a justice of the peace, the other, the well-known Bagg estate in Montreal, which comprises property in almost every ward of the city.[14]

Finalement, après le décès en 1912 de Robert Stanley Bagg, l’ascendance britannique des Clark est carrément fusionnée avec celle des Bagg, comme dans cette notice publiée en 1914 :

The Bagg family is one of the oldest English families of the island of Montreal and one whose members have been foremost in social, financial, religious, political and military circles for the past century, or since the arrival of the first representative of the name, Stanley Bagg, Esq. who was born in County Durham, England, where this branch of the family possessed large landed estates.[15]

Cette confusion subsiste encore aujourd’hui et se perpétue dans plusieurs ouvrages d’histoire contemporains : par exemple, Guy Pinard, dans un ouvrage classique sur le patrimoine architectural montréalais[16]; dans l’atlas historique de Montréal, de Jean-Claude Robert[17] et même dans l’article sur Stanley Clark Bagg du Dictionnaire biographique du Canada, avant sa révision en 2018 : «Sa famille est une des plus vieilles familles anglaises de l’île de Montréal et une de celles dont les membres se sont fait le plus valoir dans les milieux sociaux, financiers, religieux et intellectuels. Stanley Clark Bagg est un digne représentant de ce qu’on peut appeler l’establishment anglo-saxon de Montréal.»[18]

Janice Hamilton, dans le cadre d’une étude généalogique des Bagg, a fait un travail remarquable pour démêler les origines véritables de la famille. Elle a retracé leurs racines américaines au Massachusetts et, surtout, elle a pu retrouver la trace de John Clark en Angleterre, boucher prospère mais qui n’avait rien d’un aristocrate, sans qui la dynastie des Bagg n’aurait pas existé.[19]

Il reste à comprendre ce qui explique la création d’un tel mythe: l’erreur légitime a pu jouer un role, mais y aurait-il eu aussi une volonté d’amplifier la prestige de la famille? Même si des hommes d’affaires d’origine américaine ont pu s’établir et réussir à Montréal[20], la bourgeoisie dominante est alors avant tout anglo-écossaise et les relations avec les États-Unis sont souvent tendues tout au long du 19e siècle. L’annexion par les États-Unis est d’ailleurs l’un des thèmes qui divise profondément les factions radicales et conservatrices de cette bourgeoisie. La famille Bagg, elle, a choisi son camp, comme en témoignent les contrats obtenus par Stanley pendant la guerre de 1812. Ce choix sera clairement assumé pendant les années les plus tendues du 19e siècle : Stanley est le candidat conservateur pour Montréal–ouest, lors de l’élection qui conduit à l’émeute de 1832; le père et le fils s’engagent comme officiers dans la milice pro-gouvernementale lors des rébellions de 1837.

Il ne serait donc pas étonnant que la famille Bagg, lorsqu’elle arrive au sommet de sa fortune dans la deuxième moitié du siècle, cherche à s’inventer un passé : l’empire britannique arrive à son apogée et les grands barons du capitalisme canadien rivalisent entre eux pour obtenir des titres de «sir» ou de «lord» outre-Atlantique.

Propriétés de la famille Bagg, 1913

Propriétés de la famille Bagg, 1913
Au sud, la rue Sherbrooke, au nord, la rivière des Prairies. Le boulevard Saint-Laurent constitue l’axe central. «Durham House» est au coin de Prince-Arthur; «Mile End Farm» du côté ouest, entre Duluth et Mont-Royal, là où se trouve «Mile End Tavern». «Mile End Lodge» était réellement situé du côté sud de cette ferme, près de Duluth. Plus au nord, «Black Gate Farm», le «Clark Cottage» et la «Clark Cottage Farm», au nord de Jean-Talon («Bagg Ave.»); la «Park Farm», qui va jusqu’à Crémazie et, au nord, «Domaine Farm» et «Woodhouse Farm». (Archives de la famille Bagg)

Stanley Clark Bagg

Stanley Clark Bagg a choisi en 1842 la profession de notaire. Il ne l’a pas pratiqué longtemps: dès 1847, il abandonne sa pratique et fait le choix de se consacrer entièrement à la gestion des propriétés familiales.

Stanley Clark Bagg

Stanley Clark Bagg (Musée McCord)

Gérer le patrimoine foncier de la famille Bagg devient d’autant plus accaparant que la façon dont l’on exploite la propriété à Montréal traverse une période de profonde transformation au milieu du 19e siècle. Depuis 1840, la possibilité d’abolir la rente seigneuriale sur le territoire de l’île de Montréal[23] permet pour la première fois une autre forme d’exploitation de la terre, pleinement capitaliste : celle-ci peut être divisée en lots qui sont vendus libres de droits (freehold ou franc alleu) et dont l’acheteur est l’unique propriétaire. Roderick MacLeod attribue à ce changement l’émergence des grands projets de promotion immobilière qui donneront naissance au quartier de la grande bourgeoisie canadienne, le célèbre «Golden Square Mile» (GSM) :

Until this time subdivision had been an unsystematic process, its goal to secure regular financial returns from landed property, rather than to sell a product. For a landowner such as John Redpath, subdivision was a business venture, a matter of carefully creating a commodity and selling it to a public whose needs and ambitions he understood well. Even so, there was no certainty in this venture: success depended on good timing, good advertising, and good management of the entire process. In mid-century Montreal, land was not a simple commodity like boots or sugar or other manufactured products; its exchange dragged with it complicated relations rooted in the Custom of Paris: the historic rights of family members, neighbours, tenants, and seigneurs. GSM landowners were testing the waters of capitalist real estate – waters that had undergone a sea-change as a result of the political and social aftermath of the rebellions.[24]

Les terres de la famille Bagg, situées à la frontière est et au nord du «Golden Square Mile», ont été acquises au début du siècle, à une époque où l’exploitation du sol est inspirée des pratiques de la noblesse anglaise (sans parler des seigneurs canadiens!) : la famille demeure propriétaire de grands domaines pendant plusieurs générations, vivant des revenus tirés de leur location et de leur exploitation. Dans leurs testaments, John Clark et Stanley Bagg ont prévu que leurs terres soient sujettes à une «rente constituée», dont le but est d’assurer «a more than comfortable living for the Bagg widows and daughters in the third and fourth generation[25]». Cette vision peut être profitable lorsque l’exploitation du sol se fait dans un cadre rural ou semi-rural : fermes pour approvisionner la ville, carrières fournissant la pierre des nouveaux édifices, auberges pour le divertissement; il en va tout autrement lorsque l’urbanisation permet de spéculer sur la valeur de revente de terrains qui seront bâtis à plus ou moins brève échéance. L’obligation de verser une rente à la famille Bagg, si elle assure un revenu régulier aux descendants de Stanley, devient donc un obstacle à une exploitation purement capitaliste de leurs terres.

L’université McGill, qui possède les terres adjacentes à celles des Bagg côté ouest, a déjà fait l’expérience que des terrains sujets à une telle rente sont beaucoup moins attrayants pour les investisseurs : le conseil d’administration, désireux de profiter du «boom» immobilier du GSM, désire vendre des lots dès 1845. Même si une étude prévient les administrateurs que «a strong prejudice exists in the mind of the public against titles of a seigniorial character for property of value in cities[26]», la majorité choisit quand même de vendre les lots en les assujettissants à une rente. Les résultats furent peu concluants et il fallut une loi de la législature provinciale, en 1857, permettant leur vente en «freehold» pour qu’enfin les acheteurs soient au rendez-vous[27]. Dans le cas de la famille Bagg, une contrainte supplémentaire viendra des dispositions testamentaires des deux aïeuls et il faudra que la législature québécoise adopte une autre loi, le 23 février 1875, deux ans après le décès de Stanley Clark, pour venir à bout.

Est-ce que cela explique le fait que, même si les terres de la famille Bagg situées entre Sherbrooke et Mont-Royal sont toutes subdivisées en lots dès 1861, l’atlas Goad de 1881 montre que plus du deux-tiers de ce ces lots ne sont toujours pas bâtis? Il faudrait une étude plus approfondie du secteur pour répondre à la question, mais il est certain que d’autres facteurs sont en cause : l’urbanisation est liée aux cycles économiques et à la provision des moyens de transport. Ces terres ont cependant une autre caractéristique; leur emplacement.


[1] Les auteurs tiennent à exprimer leur gratitude à Janice Hamilton. Sans ses patientes années de recherche, ce texte n’aurait pu exister.

[2] Lovell’s historic report of census of Montreal, taken in January, 1891. En ligne sur: http://openlibrary.org/books/OL24132290M/Lovell’s_historic_report_of_census_of_Montreal_taken_in_January_1891.

[3] La nature et l’importance de ces propriétés demeurent obscures. Il est peu probable que le père de John Clark lui ait laissé un héritage important, puisque John était le dernier de huit enfants. Chose certaine, il disposait d’un capital en émigrant au Canada, car il achète des propriétés dans le faubourg Saint-Laurent peu après son arrivée. Cf. Alan M. Stewart, Settling an 18th century faubourg: property and family in the Saint-Laurent suburb, 1735-1810, Mémoire de maîtrise, Université McGill, 1988. pp. 91-92

[4] «In 1810, with Oliver Wait as a partner, Stanley hired an ‘Irish gang’ to help level Citadel hill and extend the Champ de Mars parade ground» Sherry Olson et Patricia Thornton, Peopling the North American city, Montreal 1840-1900, McGill University Press, 2011, p. 47

[5] Ibid, pp. 48-49

[6] Archives de la famille Bagg. Déposées en partie au musée McCord, Fonds Abner et Stanley Bagg, P070. Abner, de son côté, devient chapelier, mais l’entreprise fait faillite à la fin des années 1820. Son activité dans ce domaine a été étudiée par Hélène Paré, Trésor d’archives, le livre de paye d’une chapellerie montréalaise au début du XIXe siècle, Revue d’histoire de la culture matérielle, no 56, automne 2002, pp. 7-21. La maison-entrepôt qu’Abner Bagg a fait construire dans le Vieux-Montréal en 1821, rue William, est maintenant classée : voir «maison Abner Bagg» dans le Grand répertoire du patrimoine bâti de Montréal (http://patrimoine.ville.montreal.qc.ca)

[7] Communauté urbaine de Montréal, «Maison Stanley et Abner Bagg», Répertoire d’architecture traditionnelle, 1974. Voir aussi Johanne Burgess et Claire Poitras, Étude de caractérisation de l’arrondissement historique et naturel du Mont-Royal, Commission des biens culturels du Québec, décembre 2005, p. 59. En 1817, les frères Bagg signeront une requête pour prolonger le chemin vers la Côte-des-Neiges et ainsi le désenclaver. À l’est on venait de le relier au chemin du Mile End, l’actuelle avenue Mont-Royal : Pierre-Richard Bisson, «Le chemin de la Côte-Sainte-Catherine», Continuité, n° 2, 1991, p. 11.

[8] Jennifer Waywell, dans un mémoire sur les contrats entre fermiers et propriétaires terriens sur l’île de Montréal, donne l’exemple suivant :

«Also located in the area surrounding Montreal were a number of small pastures, used both by butchers to fatten livestock close to the market and by urban dwellers without land who paid to allow their animals to graze on the grasses. In one example, Phineas and Stanley Bagg, two Montreal innkeepers, annually rented a pasture at Côte Sainte-Catherine from the merchants Toussaint Pothier and Pierre Foretier. Each year, the Baggs also hired Michel Sire, identified in some acts as a vacher and in others as a journalier, who was obliged to: “garder avec soi, autant de vaches qu’il lui en sera confié par le dit Sieur [Bagg] les qu’elles vaches il sera tenus de prendre tous les matins elles appartiendront dans la ville et faubourgs, et les ramener le soir et faire le profit et avantage de [Phineas and Stanley Bagg]”.

Jennifer Waywell, Farms, leases and agriculture on the island of Montreal, 1780-1820, MA, McGill, 1989, p. 87-88.

[9] Last will and testament of John Clark, 29 août 1825, (Greffe du notaire Henry Griffin, CN601,S187, acte 5989, 29 août 1825, BAnQ) ) :

And the said testator doth further give and bequeath unto his said grandson Stanley Clark Bagg all the other farms the property of the testator as purchased by him from one Papineau and one Francois Monette , situated lying and being partly in the parish of Montreal and partly in the parish of Saint Laurent, in the county and district of Montreal, the said farms being an irregular figure containing about one hundred and thirty arpents of land, more or less, with a house known by Clark Cottage, barn, stables and other buildings thereon erected (…) To have and to hold the said piece of land and farm with all and singular the buildings, members and appurtenances thereto belonging (charged with the constituent rent due and payable therein annually) unto his grandson Stanley Clark Bagg, his heirs and assigns to be by him taken possession of when and as soon as he shall arrive at the age of majority.»

[10] Sherry Olson et Patricia Thornton, Peopling the North American City…, op cit, p. 388

[11] Rev. J. Douglas Borthwick, Montreal, its History… [with] biographical sketches, Montreal, Drysdale & co, 1875, p. 42. En ligne à http://archive.org/stream/cihm_00188#page/n1/mode/2up

[12] Anonyme, «In Memoriam», Canadian Antiquarian and Numismatic Journal, vol 2, no 2, October 1873, pp. 73-78 (Stanley Clark Bagg était l’un des fondateurs de la Société.).

[13] La bourgeoisie de Montréal, alors métropole du Canada, est à son apogée. Sous couvert d’ouvrages historiques, on multiplie les portraits biographiques de ses membres, tous plus élogieux les uns que les autres. Souvent vendus à l’avance, au moyen de souscriptions, il n’est pas difficile de deviner qu’il fallait payer pour obtenir un portrait flatteur dans un de ces livres. S’ils sont des outils utiles pour les historiens, l’exemple de la famille Bagg démontre que tout ne doit pas y être pris à la lettre!

[14] [C’est moi qui souligne.] Anonyme, An encyclopaedia of canadian biography, Canadian Press Syndicate, Montreal & Toronto, 1904, p. 72

[15] William Henry Atherton, Montreal 1535-1914, Clarke Publishing Co, vol 3, 1914, p. 406

[16] Guy Pinard, Montréal, son histoire, son architecture, Éd. du Méridien, 1992, vol 5, pp. 342 et 413

[17] «D’origine largement anglo-écossaise, cette bourgeoisie (…) comprend un certain nombre de marchands de fourrures (…), ou des nouveaux venus comme Stanley Bagg (1786-1853), originaire du comté de Dunham en Angleterre, entrepreneur et grand propriétaire foncier.» Jean-Claude Robert, Atlas historique de Montréal, Art Global, 1994, p. 80

[18] DBC en ligne : «Stanley Clark Bagg» http://www.biographi.ca/009004-119.01-f.php?&id_nbr=4808

[18]Le dernier descendant mâle de la lignée des Bagg, Harold Stanley, est décédé le 18 septembre 1944 à Montréal à l’âge de 49 ans. Tout comme son père et son grand-père, la notice nécrologique du journal The Gazette mentionne qu’il travaillait à plein temps «in the family real estate business.» (The Gazette, 19.09.1944, p. 21)

[19] Janice Hamilton, The Bagg Family of Massachusetts and Montreal, Connections, Journal of the Quebec Family History Society. Winter/Spring 2012, vol 34, no 2 p. 8

[20] Un bon exemple contemporain de Stanley Bagg est Harrison Stephens. Son biographe mentionne que même s’il a réussi, ses origines américaines lui ont souvent causé des problèmes. DBC, http://www.biographi.ca/009004-119.01-f.php?&id_nbr=5848

[21] Sherry Olson et Patricia Thornton, Peopling the North Americain City, op cit, pp 49 et 298

[22] Contrat notarié signé entre Stanley et Stanley Clark en 1842. Stanley hypothèque ses propres propriétés pour rembourser en partie son fils et lui donne «Durham house». En échange, Stanley Clark versera une rente pour subvenir aux besoins de son père. Janice Hamilton, Stanley Bagg’s Later Years, correspondance familiale privée.

[23] Le régime seigneurial sera aboli en 1854 pour l’ensemble de la province. À Montréal cependant, les pressions des propriétaires anglophones font en sorte qu’on pourra acquérir les terres en «freehold» dès 1840 en échange d’une compensation.

[24] Roderick MacLeod, Salubrious settings and fortunate families : the making of Montreal’s golden square mile, 1840-1895, Thèse de doctorat, Histoire, Université McGill, 1997, p. 79

[25] Sherry Olson et Patricia Thornton, Peopling the North American City, op cit, p. 49

[26] Roderick MacLeod, Salubrious settings and fortunate families, op cit, p. 102-103

[27] Ibid, pp. 107-108